A quoi ça sert la psychothérapie


La vie, à son meilleur, est un processus fluide et changeant dans lequel rien n'est fixé.

                                            Devenir une personne, Carl Rogers, 1961

 

La demande de psychothérapie concerne les personnes ayant des soucis relationnels ainsi que des sentiments répétitifs d’abandon, de vide, de ne pas se sentir  aimés, respectés, avoir  l’impression de ne rien valoir.

 ll s’agit souvent de difficultés qui se répètent et qui produisent beaucoup de souffrance.

De plus, les médicaments seuls apportent peu de soulagement à cette souffrance.

La thérapie a pour fonction de permettre  l'expression émotionnelle de la personne, de faire diminuer, voir disparaître, certaines fragilités  avec l’espoir d’un mieux-être et un d’un mieux vivre.

La psychothérapie est une entreprise délicate et minutieuse.

Même s'il est connu qu'il est difficile de décrire parfaitement et de manière explicite ce que les psychothérapeutes font en grande partie implicitement, je vais tenter ci-dessous de décrire le modèle dont  je me sers dans ma  pratique, et par la suite donner les objectifs vers lesquels je tends dans mon travail.

 M Erikson, éminent psychothérapeute  américain, un des parents de l’hypnose médicale  a écrit :

"Ce n'est pas en premier lieu pour éclairer un passé inchangeable qu'on a recours à la psychothérapie, mais parce qu'on n'est pas satisfait du présent et qu'on désire rendre meilleur son avenir."

Néanmoins, très modestement, à travers mon travail clinique quotidien je fais le constat que très souvent l'image actuelle que chaque personne a d’elle même, des autres et de l'avenir- et cela est vrai chez les patients comme d'ailleurs chez nous thérapeutes, est largement influencée par notre enfance et notre adolescence.

Dans mon optique l’approche répondant mieux à ces attentes s'inspire du modèle des schémas, modèle élaboré par Jeffrey Young.

Utilisée depuis le début des années 90, cette méthode psychothérapique intègre les approches de différents courants de psychothérapie : les thérapies cognitivo - comportementales, la psychanalyse, la psycho dynamique,  les théories de l'attachement.

En bref, Young définit un schéma comme une mémoire constituée de cognitions, de souvenirs, d'émotions et de sensations corporelles servant à l'interprétation de la réalité.

 C’est aussi un modèle, une perception de soi-même, de l'autre, du monde en général.

A sa naissance, le plus souvent dans l’enfance ou à l’adolescence, le schéma a pour fonction de permettre à l'enfant  de s'adapter à son environnement.

 Il est donc rassurant, protecteur et  donne  l' l'impression que le monde est prévisible et stable.

Nous portons tous en nous une multitude de schémas. Fort heureusement la grande majorité d’entre eux sont adaptés permettant une interprétation juste et saine de  la vie.    

Mais parfois, quand cette interprétation se fait d'une manière dysfonctionnelle, c'est-à-dire quand elle donne des déchirements et des tourments, on parle d'un schéma précoce inadapté.

Un schéma précoce inadapté est donc une perception douloureuse qui se répète dans le présent à la suite des expériences nocives du passé.

Un schéma précoce inadapté se crée lorsque les besoins de base de l'enfant ne sont pas satisfaits :

- être aimé inconditionnellement

- sentir de la stabilité autour de soi

- être protégé, physiquement et psychiquement

- être valorisé

- être compris, entendu, pouvoir exprimer librement  ses émotions.

- être responsabilisé progressivement et sentir des limites réalistes

- être éveillé et aidé dans le développement de sa curiosité

Vivre en permanence avec l'idée d’être oublié, négligé, délaissé, traité abusivement, être  incapable d'agir et que la valeur humaine se pèse sur la balance de la réussite sociale et du succès, engendre forcément des émotions douloureuses (la peur, la tristesse, la honte,  la colère, la déception et la culpabilité).

Pour diminuer cette souffrance et pour tenter de faire face aux émotions et aux ressentis pénibles qui accompagne un schéma précoce inadapté trois stratégies sont à l'œuvre :

- le maintien (ou la soumission) : c'est-à-dire faire comme si on cherchait à revivre dans notre vie d'adulte les scénarios de l'enfance.

- la fuite (ou l'évitement) : éviter toutes les circonstances, les pensées qui pourraient déclencher le sentiment douloureux. Ce faisant, les sentiments positifs ne sont également plus perçus, ce qui transforme notre vie  dans une vie de robot.

- la compensation (ou le contre-attaque) : c'est-à-dire réagir en adoptant une attitude inverse du schéma, en faisant subir aux autres ce qu'on a soi-même subi de douloureux dans l'enfance.

 Malheureusement, en réalité ces stratégies et ces comportements ne font que renforcer les schémas et exacerber la souffrance.

Comment ça  marche en pratique ?

En tant que soignant du psychisme, ma position, inspirée par Carl Rogers dont je cite est  «  n’est pas  seulement de traiter une maladie mais bien plus celle de rencontrer une personne. Et, dans la même perspective, si elles sont aidées, les personnes ont en elles de vastes ressources pour pouvoir  passer du stade des problèmes qui les ont conduits en thérapie à un stade où ces problèmes peuvent être résolus ».

Et, en citant Martin Wenstein  « le travail thérapeutique ne consiste ni à rechercher la vérité ni à diriger la thérapie vers ce qui est correct. Il consiste à créer des conditions dans lesquelles quelque chose de diffèrent et adapté à la particularité de la personne puisse remplacer ses symptômes et sa souffrance ».

Pour la progression de la relation thérapeutique, j’ai opté pour un style interactif, dynamique  participatif et j’ai renoncé à  la définition :

                                      psychothérapie = magie = mystère = autorité.

Néanmoins, malgré ce cadre que j’espère facilitateur  le dévoilement du soi d’une personne reste un travail exigeant, difficile et souvent  douloureux.

C'est pour venir au-devant de ces difficultés que je suis très attentive et  je veille de près à instaurer dans la séance un climat de confiance, de sécurité et de confidentialité.

Lors de séances de thérapie nous nous concentrons sur ce qui se passe dans l'ici et maintenant, avec le postulat que l'ici et maintenant chargé émotionnellement représente la voie royale vers les cognitions, les schémas et l'inconscient.

Pour la compréhension, la gestion et surtout la modification des schémas précoces inadaptés et implicitement des émotions dysfonctionnelles qui les accompagnent, plusieurs types d'interventions sont utilisées : cognitives, comportementales, expérientielles et relationnelles et ceux-ci afin d’atteindre des  objectifs thérapeutiques différentes d’une personne à l’autre.

Si la personne souhaite plutôt gérer son schéma, nous nous servons plutôt des méthodes cognitives et comportementales.

Si l’objectif de la personne est la modification de l’expérience du schéma, les  interventions seront plus particulièrement centrées sur des techniques de type expérientielle et relationnelle.

La description des objectifs ci-dessus présentée se fait seulement dans un but « didactique et pédagogique » car dans la réalité du terrain  les méthodes d’intervention que j’utilise se succèdent et se suivent d’une manière fluide  dans  le but de :

- faire disparaître ou au moins atténuer  la souffrance,

- aider au développement personnel de la personne.

 Si vous étés  intéressé d’avoir une description détaillé de l’approche des schémas je vous invité de vous rendre sur le site des 2 psychologues psychothérapeutes canadiens  (www.jobinsevigny.ca) et de consulter leur l’article : Présentation de la thérapie centrée sur les schémas.